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Des hommes contemporains gémissent sous le poids de fausses conceptions concernant la famille, la collectivité ou l'état. Ces fausses conceptions, qui sont aisément discernables auprès de toutes les catégories d'individus et à tous les niveaux de la société, proviennent de l'égocentrisme, ce qui, en langage religieux, s'appelle "la dépravation de l'homme". Cette corruption intérieure est profondément enracinée dans le cœur humain et s'extériorise comme étant opposée au bien-être de l'ensemble de la société. De plus, cet état d'esprit se révèle être une rébellion contre le Saint et le Dieu Vivant. L'effet pernicieux du péché a corrompu le cœur humain à tel point, qu'en dépit de la conscience qu'il a de son mal, il s'y complaît et s'y livre de son plein gré. C'est à cette question fondamentale du mal et à la recherche d'une délivrance de la culpabilité et de la servitude du péché, que Sultan Muhammad Paul avait été confronté.
Il y a peut-être des gens qui choisissent d'oublier le problème du péché et du chemin du salut. Ils préfèrent voiler l'état de leur cœur devant eux-mêmes ou autrui, bien qu'ils sachent parfaitement que les choses cachées de leurs cœurs sont ouvertes au regard de Dieu. Pour de telles personnes, le présent récit n'aura qu'un faible intérêt. Mais, il en est d'autres qui sont profondément soucieux quant au problème du péché et du salut, tant pour eux-mêmes, que pour leurs contemporains. Pour ceux-là, ce livret sera utile par la confrontation de leurs propres expériences à celles, bien que presque séculaires - mais toujours actuelles -, de Sultan Muhammad Paul. Que ce livret soit un guide et une source de bénédiction pour tous ceux qui en méditent le contenu.
Les Editeurs.
Je suis natif d'Afghanistan. Mon père habitait dans la capitale de Logar, qui est située à environ cinquante miles (80 km) au sud de Kaboul.
Mon père, Payanda Khan, avait le rang de colonel dans l'armée afghane et le titre de “Bahadur Khan”. Il était connu à travers le pays comme le “Colonel Bahadur Khan”. Mon père avait deux femmes. La première des deux était sa préférée. Elle lui enfanta deux filles, mais pas de fils. Craignant que sa famille aille s'éteindre, il épousa encore la fille de Sayyid Mahmud Aqa, membre d'une des plus nobles et des plus illustres familles d'Afghanistan. Mon frère cadet, Taj Muhammad Khan, et moi-même, sont issus de ce mariage. Je suis né en 1881.
Peu après, Abdur Rahman Khan, un émir (gouverneur) arriva de Russie sur le trône de Kaboul; il fit arrêter six parmi les notables du pays et les déporta vers une destination inconnue. Plus tard, ils furent tués. Parmi ceux-là se trouvait mon père. Puis une deuxième calamité tomba sur ma famille. Pour des raisons politiques, deux de mes oncles maternels furent arrêtés, puis incarcérés dans la prison d'état de Kaboul et plus tard expulsés aux Indes. Peu de temps après, pendant que le reste de ma famille séjournait à Kaboul, mon troisième oncle, avec sa femme et ses servantes, se rendit lui-aussi aux Indes, avec la permission de l'Emir. Dès leur arrivée, ils s'installèrent à Hasan-Abdal.
En raison de difficultés politiques croissantes, toute ma famille se réfugia à Hasan-Abdal. Après plusieurs mois, ma mère décéda. Finalement, après une réconciliation entre ma famille et l'Emir Abdur Rahman Khan, toute ma famille retourna dans sa patrie, à l'exception de mes trois oncles et de moi-même.
Plus tard, j'arrivai à Delhi, me fis inscrire à l'Ecole Madrasa-i-Fatehpuri afin de me perfectionner en Arabe. A cette époque, le plus important mawlavi (enseignant) était Mawlana Abdul Jalil, un pur Pathan du district de Naushera (Pathan est le nom donné aux Indes à la plus importante ethnie afghane du pays). Le second était Fateh Muhammad Khan de Quandahar. Grâce à la compétence de ces deux hommes, je terminais rapidement mes études de Logique, puis me tournais vers l'étude des Traditions et des Commentaires. Durant la journée, j'étudiais avec mes camarades de classe. Mais le soir, je bénéficiais d'un enseignement spécial que me donna Mawlana Abdul Jalil. Ainsi donc, grâce à Dieu, je maîtrisais ces sujets.
Un jour, alors que je rendis avec plusieurs de mes amis au Chandni Chowk (l'artère principale de Delhi), je vis une grande foule rassemblée près de notre Ecole. En approchant, nous constations qu'il y avait une controverse entre un prédicateur chrétien et un des nos compagnons d'étude, au sujet de la doctrine de la Trinité. Le premier appuya sa doctrine sur le verset coranique suivant:
Nous sommes plus près de lui que la veine de son cou (Coran L.16).
Il disait qu'ici, c'est la première personne du pluriel (nahnu = nous) qui a été utilisée; si, disait-il, l'unité de Dieu était absolue, c'est la première personne du singulier (ana = je) qui aurait dû être utilisée. Comme l'étudiant donna une réponse peu pertinente, mes amis me pressèrent de répondre à l'argument du prédicateur. De ce fait, je m'avançai et expliquai que la première personne du pluriel, selon la façon de s'exprimer en arabe, était utilisée à titre honorifique et non pour indiquer un pluriel.
C'était la première occasion que j'ai eue de rencontrer un Chrétien dans une discussion. En ce jour précis est née en moi une indescriptible passion de polémiquer avec des Chrétiens, passion émanant d'un ardent penchant, à l'égard des choses sacrées, profondément enraciné en moi. De ce fait, autant que cela m'était possible, je commençais à collectionner les livres les plus importants réfutant le Christianisme. Je fis une étude détaillée de plusieurs de ces livres, et aux jours convenus, j'allais à la rencontre des prédicateurs chrétiens, pour poursuivre avec eux les discussions.
Un jour, un pasteur anglais, qui avait l'habitude d'accompagner le prédicateur, me donna une carte de visite et m'invita chez lui. Il était aimable et m'a dit que je pouvais venir avec mes amis. Suite à cela, je suis allé, avec deux ou trois amis, chez lui, à son domicile. Pendant que nous buvions le thé, nous entamions une intéressante discussion sur des sujets religieux. Il se tourna vers moi et me demanda si je lisais la Bible. Pourquoi lirais-je la Bible? répliquai-je. Qui voudrait lire un tel livre altéré, et que vos gens changent chaque année? A ma réponse, un regard de compassion apparut sur le visage du pasteur, et il dit avec un petit sourire: Considérez-vous que tous les Chrétiens soient malhonnêtes? Pensez-vous que nous ayons si peu de crainte de Dieu pour falsifier constamment la parole et modifier les Saintes Ecritures? Quand les Musulmans disent que les Chrétiens altèrent le texte de la Tawrat (= Torah) et de l'Injil (= Evangile), ils insinuent que tous les Chrétiens sont malhonnêtes et que ce sont mystificateurs vis-à-vis des gens. C'est là une accusation grave et injustifiée. Les Chrétiens croient en la Bible comme étant la Parole de Dieu, tout comme les Musulmans le croient du Coran. Si donc nul Musulman ne peut changer le texte du Coran, comment un Chrétien pourrait-il modifier le texte du Livre du Dieu omniscient, c'est-à-dire la Bible? Si un Musulman pervers avait la folie de changer le texte de n'importe quel verset du Coran, tous les Musulmans ne le considéreraient-ils pas comme exclus de l'Islam et ne dévoileraient-ils pas publiquement ce qu'il a fait? De la même manière, si un Chrétien pervers s'avisait à modifier le texte de n'importe quel verset des Ecritures, tous les autres Chrétiens ne le considéreraient-ils pas aussi comme excommunié de leur religion et ne feraient-ils pas aussi connaître publiquement tout ce qu'il a commis? Bien sûr, qu'ils le feraient. De là , vous pouvez constater que l'affirmation des Musulmans que le texte de la Parole de Dieu a été altéré n'a absolument aucun fondement et est sans valeur. Je pense que cette affirmation est faite par des Musulmans qui sont généralement tout-à-fait ignorants du contenu de la Bible, et de la foi, et des doctrines chrétiennes.
Le pasteur me donna ensuite deux Bibles, une en Perse, l'autre en Arabe, et m'encouragea à les lire. Nous le remerciâmes et partîmes. Je n'ai guère prêté alors attention au plan de lecture que cet homme m'avait suggéré. Mon objectif, en lisant la Bible, était d'y trouver des aberrations, pour prouver à partir de là, la vérité de l'Islam, et de réduire au silence les arguments des Chrétiens Je ne lisais donc pas la Bible d'un bout à l'autre, mais seulement les passages que les controversistes Musulmans indiquaient dans leurs écrits. Aussi longtemps que je demeurais à Delhi, ma grande affaire était de controverser avec des Chrétiens.
Un jour, je décidais d'aller à Bombay. Là j'avais la grande chance de rencontrer Mawlavi Hidayat Ullah qui était hautement respecté dans cette région comme un homme ayant une haute autorité et une vaste culture. Son lieu d'origine était Kaboul, et il connaissait ma famille. Dès que nous avons fait connaissance ensemble à Bombay, il promit, de bon cœur, de m'instruire. Il estima que mon cursus d'études était presque complet, et il me conseilla d'accorder plus d'attention à l'étude de la littérature. Ainsi, je commençais mes études sous sa direction. Ce mawlavi a passé le plus clair de sa vie à Istanboul (Constantinople), en Egypte et en Arabie, et fut un génie littéraire. Il enseignait en langue Perse, notre langue maternelle à nous deux, et cela facilitait mes progrès dans les études.
Pendant cette période, une autre fin érudite, un expert en Logique et Philosophie, vint d'Egyte et fut nommé professeur au Madrasa-i-Zakariyya. Ce fut le Mawlavi Abdul du district de Jalalabad en Afghanistan. Quand j'appris sa valeur émérite, je me suis inscrit au Madrasa-i- Zakariyya et commença l'étude des livres de logique et de philosophie les plus à la pointe. Ce Mawlavi me traita comme un fils et me donna une pièce à côté de la sienne, ainsi je pouvais, en tout temps, faire appel à lui quand j'avais besoin d'aide.
Un jour, lors d'une promenade, plusieurs de mes amis étudiants et moi-même arrivions à Dhobi Talab (un quartier de Bombay). Là, nous trouvâmes plusieurs prédicateurs chrétiens, s'adressant à la foule. Immédiatement, ma vieille hostilité se réveilla, me rappelant mes précédentes expériences à Delhi. J'étais prêt à m'avancer vers les prédicateurs, quand un ami me retint, en me disant: Mawlavi Sahib ne s'occupe jamais de ces gens. C'est une perte de temps d'argumenter avec eux. Ces pauvres gens ne savent ni comment mener un débat, ni ne sont familiers avec les règles d'un débat. Ils sont payés pour faire ce travail et remplissent leur devoir, de sorte qu'il est absolument inutile de discuter avec eux. Je sais tout sur ces gens, répondis-je. Ils ne connaissent pas l'art et les règles de la discussion, mais ils savent certainement comment détourner les gens de leur voie. C'est le devoir de tout Musulman authentique de sauver ses frères musulmans malavisés de leur conspiration et de leur tromperie. Je me suis alors avancé et je commençais à opposer, à ce qu'ils avaient dit, une série d'objections. Ils les réfutèrent par une rafale de démentis.
La discussion, finalement coupa court par manque de temps. Des nouvelles de notre rencontre se répandirent parmi les étudiants de l'Ecole. Eux aussi étaient enflammés de zèle pour engager des controverses. Nous allions régulièrement, deux fois par semaine, rencontrer les Chrétiens pour débattre avec eux. Finalement, deux missionnaires nous invitèrent chez eux, par l'intermédiaire de M. Joseph Bihari Lal, leur premier catéchète. Quand nous étions chez eux, ils nous dirent que le quartier Dhobi Talab était trop distant pour que nous puissions l'atteindre aisément, et ils nous proposèrent d'ouvrir une salle de lecture près de notre école, où nous pourrions, une fois par semaine, continuer nos investigations selon nos désirs, si réellement nous voulions découvrir la vérité concernant le Christianisme. J'ai accepté cette offre avec gratitude. Quand cette salle de lecture fut ouverte, nous les rencontrions là-bas, selon un programme prédéterminé.
Quand je m'aperçus que les étudiants de mon école et mes autres amis ne savaient rien de la religion chrétienne et étaient inexpérimentés dans les débats, je louais, sur avis de Mawlavi Abbas Khan Sahib une maison. Là, nous formions une association appelée “Nadwatul Mutakallimin” dans le but de former des polémiqueurs pouvant contredire toutes les religions non-islamiques, et plus particulièrement le Christianisme.
Quand mon professeur se rendit compte que j'étais constamment impliqué dans les controverses, et que je n'avais plus d'autre intérêt dans la vie, il vint un jour, après la prière du soir, dans ma chambre. Juste à ce moment-là, j'étais entrain de lire l'Injil (l'Evangile). Il me demanda ce que j'étais en train de lire. Je le lui dis, mais il répondit en colère: Je crains que tu ne deviennes chrétien. J'étais très surpris par cette réponse, et bien que je ne souhaitais pas être irrespectueux, je ne pus m'empêcher de dire: Pourquoi deviendrais-je Chrétien? Est-ce que le simple fait de lire l'Injil fait de quelqu'un un Chrétien? Je le lis dans le but de détruire le Christianisme, ses racines et ses branches. Vous devriez m'encourager dans cette voie, plutôt que de chercher à me blâmer. Il répondit: J'ai dit cela, parce que j'ai entendu dire que ceux qui lisent l'Injil deviennent Chrétiens. N'as-tu pas entendu ce que dit un certain poète: 'Quand il lit l'Injil le cœur du croyant se détourne de l'Islam'?. Cette information est inexacte, répondis-je. Après m'avoir donné encore d'autres conseils, le mawlavi retourna chez lui.
Cette intéressante altercation religieuse dura quelques années, quand, soudain, surgit en moi le désir de faire le pèlerinage à la Mekke. Immédiatement, je fis les préparatifs nécessaires, embarqua dans le navire “Shah-i-Nur” me rendit à Jeddah, puis à la Mekke. Depuis la Mekke, je correspondis avec Mawlavi Hassamud Din, l'éditeur de Kashful Haqaiq. Le jour du pèlerinage, je mis mon vêtement de pèlerin et me rendis au Mont Arafat. Ce jour-là, je vis quelque chose de merveilleux: riches et pauvres, gens élevés et gens modestes, tous vêtus pareillement dans leur vêtement blanc. Cela m'apparut comme si c'étaient tous des morts, entourés de leur linceul et sortis de leurs tombes pour rendre des comptes. Cette vue me fit couler des larmes. Et au même instant, une pensée m'assaillit: Et si l'Islam n'était pas la vraie religion, quelle serait ma condition au Jour du jugement? Alors, là je priais Dieu: Ô Dieu, montre-moi la vraie religion et ton authentique chemin. Si c'est l'Islam qui est la vraie religion, garde-moi ferme en lui, et accorde moi la grâce de réduire au silence les opposants à l'Islam. Si le Christianisme est la vraie religion, alors révèle-moi sa vérité! Amen.
Après une brève visite à Médine, je retournais à Bombay. Durant mon absence, le Nadwatul Mutakallimin s'était disloqué. Immédiatement après mon retour, j'organisais une nouvelle association à la place de l'ancienne. J'en suis devenu le président et Abdur Rauf le secrétaire. Dans la maison de l'association, près de Grant Road, notre organisation tenait ses rencontres. C'était notre habitude d'inviter, chaque semaine, des non-musulmans afin qu'ils s'adressent à nous, et l'un de nos membres avait à répondre aux arguments de notre invité. Munshi Mansur Masih venait régulièrement parler en tant que représentant les Chrétiens. D'autres vinrent parler de la part de l'Arya Samaj (uns secte hindouiste théiste).
Un jour, Munshi Mansur Masih déclara avec beaucoup de conviction qu'il n'y avait pas de salut en Islam. Les membres de notre association me demandèrent de répondre. Les auditeurs apprécièrent mon adresse; mais, dans mon for intérieur, je le savais bien, ma réponse me laissa insatisfait. En fait, j'étais obligé de reconnaître la faiblesse de ma position. Bien que je vociférais plus fort que mon antagoniste, c'est sa voix qui retentissait dans mon âme comme un tonnerre, avec une autorité inexprimable.
Il était près de onze heures du soir, quand la discussion se termina. Je rentrai chez moi et m'assis, réfléchissant attentivement aux paroles de Munshi Mansur Masih. Plus je réfléchissais, plus cela me devint évident que la question du salut était le cœur de la religion et son nécessaire fondement. Sans salut, une religion n'est pas une religion. De plus, je reconnaissais que l'homme est un conglomérat d'incurie, de désobéissance et de transgression. Sa vie n'est jamais restée assez pure pour être absolument exempte de péché. Le péché est devenu la seconde nature de l'homme. Le proverbe suivant est bien vrai: errare humanum est (il est de la nature de l'homme de se tromper). La question essentielle est: Comment quelqu'un peut-il échapper à sa culpabilité et au châtiment? Comment quelqu'un peut-il être sauvé? Approfondir ce sujet honnêtement et sans préjugé était devenu mon objectif. Si j'allais découvrir que le salut s'obtenait indubitablement à travers l'Islam, alors j'en remercierais Dieu. Combien mes yeux seraient-ils éclatants de joie et combien mon cœur exulterait-il! Mais si l'Islam ne devait pas procurer une telle assurance, alors je me verrais contraint de rechercher la religion qui présenterait un plan de salut satisfaisant. Quand je suis arrivé à cette décision, je suis tombé à genoux devant Dieu et je pleurais amèrement, m'engageant à ne plus lire dorénavant la Bible comme je l'avais fait jusqu'à présent. J'allais la lire de sorte que moi, misérable pécheur, j'y découvre le chemin du salut.
A partir de ce jour, je changeais mon attitude et, comme un authentique chercheur de la vérité, je commençais à lire et à comparer la Bible au Coran. Par acquit de conscience, j'ai emprunté un exemplaire de l'Avesta (un des écrits sacrés des Zoroastriens) auprès d'un ami parsi (les parsis sont des zoroastriens originaires de Perse, réfugiés aux Indes après la persécution islamique) et j'ai acheté un exemplaire du Satyarth Prakash (un ouvrage de la secte hindouiste théiste Arya Samaj). Puis j'ai commencé à comparer tous ces livres. Après avoir lu attentivement l'Avesta et discuté avec des étudiants parsis, je fus très déçu, quant au chemin du salut, car cette religion ne présentait pas de doctrine du salut acceptable.
Je me mis ensuite à l'étude du Satyarth Prakash, l'ouvrage le plus représentatif des Arya Samaj, écrit par le Swami Dayananda Saravati (1824-1883). Je l'ai lu dans l'espoir d'y trouver ce que je cherchais. Mais au contraire, j'y trouvais d'étranges doctrines qui me firent dresser les cheveux sur la tête! J'y apprenais que Dieu ne pouvait pas pardonner les péchés. J'en fus ahuri et conclus qu'il était absolument inutile de s'adresser aux Arya Samaj dans l'espoir d'obtenir le salut. Selon l'Arya Samaj, Dieu ne peut pardonner les péchés des hommes, ni ceux commis avant de devenir Arya-Samajiste, ni ceux commis après. Le châtiment est donc inéluctable.
De plus, je découvris que l'Arya Samaj ne considérait pas le salut comme étant éternel. Il m'était donc clair qu'il n'y avait pas de salut auprès des Arya Samaj , et si même, par miracle, un salut pouvait être obtenu, il ne durerait pas éternellement. Par conséquent, si le salut n'est que temporel, ne faudrait-il pas craindre continuellement que le bonheur futur soit écarté à n'importe quel moment? Quand je suis arrivé à ce point et constaté qu'il n'y avait là pas de possibilité de salut pour un pécheur tel que moi, j'arrêtais d'étudier le Satyarth Prakash.
La tâche la plus lourde que j'avais maintenant à affronter était celle d'examiner, sur la question du salut, le Coran et les Traditions les plus fiables. Avant de chercher la doctrine de salut dans ces livres, je levais mes mains vers Dieu en priant :
Ô Dieu, Tu sais que je suis Musulman, que je suis né Musulman, et que mes ancêtres depuis des générations sont nés Musulmans et sont morts dans cette religion. En elle, moi-aussi j'ai été élévé et éduqué. C'est pourquoi, supprime tout obstacle qui m'empêche de découvrir Ton droit chemin et montre-moi le sentier de Ton salut, de sorte qu'en quittant ce monde transitoire, je n'encourrai pas ta disgrâce. Amen.
Ce que je découvris par l'étude du Coran était ce que je savais auparavant: obtenir le salut dépend des bonnes œuvres réalisées. J'ai trouvé de nombreux versets qui soutenaient cette doctrine, mais je n'en indiquerai ici que deux :
Ceux qui croient et qui accomplissent des œuvres bonnes auront les Jardins du Refuge comme lieu de séjour, pour prix de leurs actions. Quant aux pervers, ils auront le Feu comme refuge. Chaque fois qu'ils voudront en sortir, ils y seront ramenés et on leur dira : Goûtez ce châtiment du feu que vous traitiez de mensonge (Coran, XXXIII.19-20).
Celui qui aura fait le poids d'un atome de bien, le verra; celui qui aura fait le poids d'un atome de mal, le verra (Coran, XCIX.7-8).
A première vue, ces versets sont beaux et réconfortants, mais dans mon esprit surgit une question: Nous est-il possible de ne faire que du bien et jamais du mal? L'homme a-t-il ce pouvoir? En considérant cela attentivement, et en tenant compte des facultés et des passions humaines, il m'apparut clairement qu'il est impossible à un homme de demeurer sans péché. Il n'a pas la force de faire continuellement le bien, et seulement du bien.
Les philosophes moralistes d'Arabie déclarent qu'il y a quatre facultés dans l'homme desquelles résultent toutes ses actions. De ces quatre, trois puissantes facultés œuvrent contre son intérêt spirituel. Il n'y a qu'une, la faculté angélique, qui pousse l'homme vers Dieu, l'aidant à obéir à ses commandements; mais ses effets sont cachés aux yeux des hommes. D'un autre côté, il y a l'effet combiné des trois autres facultés qui entraînent et motivent ensemble les hommes. C'est pourquoi l'esprit de l'homme ne voit que ce qui est superficiel; il ne s'occupe que du présent, accorde plus d'attention aux choses de ce monde et devient négligent quant aux choses de l'Esprit et de Dieu. Un Musulman renommé décrit cela ainsi:
Je suis piégé en quatre choses, dont la main-mise est la cause de mes misères et de mes souffrances. Ces quatre choses sont Satan, le monde, la convoitise et la cupidité. Comment puis-je en être délivré, puisque tous sont mes ennemis? Des désirs mauvais m'attirent et me jettent dans l'abîme obscur de la sensualité et du plaisir.
Selon les penseurs Arabes, les trois facultés ont pris le dessus sur la faculté angélique, et Adam fit ce que Dieu lui avait interdit de faire. Manifestement, les conséquences ont été héritées par ses descendants jusqu'à nos jours. Lisons la Tradition suivante:
Abu Huraira rapporte que l'Apôtre de Dieu a dit: Lorsque Dieu créa Adam, il lui caressa le dos, et ainsi naquirent de son dos tous les hommes qu'Il créa comme ses descendants jusqu'au Jour de la Résurrection. Il plaça devant les yeux de chaque homme une lumière éclatante. Ensuite il les présenta à Adam. Celui-ci dit: Ô mon Seigneur, qui sont ceux-là? Il répondit: Ce sont tes descendants. Et il vit un homme parmi eux et dont la lumière éclatante entre les yeux l'étonna. Il dit: Ô mon Seigneur, quelle est la durée de sa vie que tu as fixée? Il répondit: Soixante ans. Adam dit: Mon Seigneur, augmente la durée de ma vie de quarante ans. L'Apôtre de Dieu dit: Quand la vie d'Adam fut achevée, excepté ces quarante années, l'ange de la mort vint vers lui. Et Adam lui dit : N'y a-t-il pas encore quarante ans de vie qui me restent? Il répondit: Ne les donneras-tu pas pour ton fils David? Alors Adam refusa cela, et ses descendants refusèrent aussi, et Adam oublia et mangea de l'arbre, et ses descendants oublièrent aussi, et Adam pécha et ses descendants péchèrent aussi (Tirmidhi).
Pour la Tradition, il est clair que tous les enfants d'Adam sont assurément des pécheurs, parce que le péché d'Adam a pénétré en eux. Par conséquent, des saints et des chefs religieux ont confessé leurs péchés. Ainsi, Adam, le premier des prophètes, ainsi qu'Eve reconnurent :
Ils dirent: Notre Seigneur! Nous nous sommes lésés nous-mêmes. Si tu ne nous pardonnes pas, et si tu ne nous fais pas miséricorde, nous serons au nombre des perdants (Coran , VII.23).
De même, le prophète Abraham dit:
Notre Seigneur! Accorde ton pardon à moi-même, à mes parents et aux croyants le Jour où apparaîtra le compte final (Coran, XIV.41).
Le prophète de l'Islam fit cette prière:
Ô Dieu, lave mes iniquités avec de l'eau pure (littéralement: de l'eau de neige) (Bukhari).
Abu Bakr, le premier calife (successeur) du Prophète de l'Islam, disait, dans son célèbre poème:
Ô Dieu, comment serais-je sauvé, puisqu'il n'y a point de bonté en moi? Je suis submergé par mes iniquités, et je manque de bonté.
En complément à toutes ces évidences, voici encore un verset du Coran qui soutient que tous les hommes sont pécheurs:
Oui, l'homme est ingrat envers le Seigneur: il est témoin de tout cela (Coran, C.6,7).
A propos de cela, les pensées suivantes m'obsédaient: le Prophète Jésus était aussi un homme. Le Coran parle des péchés des autres prophètes. Pourquoi le Coran ne mentionne-t-il aucun péché de Jésus? Lorsque je découvris que le Coran n'affirmait que l'impeccabilité - l'absence de péché - de Jésus, je me tournai alors vers l'Injil. Là, j'ai découvert les versets suivants:
Qui de vous me convaincra de péché? (Jean 8.46).
Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu (2 Corinthiens 5.21).
Car nous n'avons pas un souverain sacrificateur incapable de compatir à nos faiblesses; mais il a été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché (Hébreux 4.15).
Lui qui n'a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n' s'est pas trouvé de fraude (1 Pierre 2.22).
Or, vous le savez, lui (le Seigneur) est apparu pour ôter les péchés; et il n'y a pas de péché en lui (1 Jean 3.5).
Ainsi, de solides arguments prouvent, qu'à l'exception du Prophète Jésus, tous les hommes sont pécheurs. Dans ces conditions, qui étais-je de vouloir déclarer être capable de gagner le salut par mes bonnes œuvres, alors que des chefs religieux, des philosophes et des saints ont échoué en courant dans cette voie?
A nouveau, je me tournai vers le Coran pour examiner ses enseignements sur la doctrine du salut par les œuvres. Je vais relater deux versets qui montrent clairement que nul humain ne peut échapper à la condamnation, quel que soit son statut.
Il n'y a personne de vous qui n'y sera précipité [dans la géhenne]: c'est un arrêt décidé par ton Seigneur. Nous sauverons ensuite ceux qui craignaient Dieu et nous y laisserons les injustes agenouillés (Coran, XIX.71,72).
Nul autre que moi ne sait avec quelle terreur, quel désarroi et quelle déception, j'ai lu ces paroles. Moi, un homme spirituellement malade, je lisais le Coran comme quelqu'un qui cherche à consulter un médecin et pour qu'il m' offre un remède contre ma culpabilité. Mais, au lieu de me donner une solution, il me dit: Chacun de vous ira à la perdition; c'est le décret absolu de Dieu.
Mais mon amour naturel et mon attachement pour l'Islam m'interdirent de brusquer ma décision personnelle. Je pensais qu'il était convenable de chercher un commentaire de ce verset dans les Traditions, afin de voir ce que le Prophète de l'Islam lui-même avait à dire à ce sujet. Après une longue recherche, j'ai trouvé le commentaire suivant dans le Mishkat (un célèbre livre de la Tradition sunnites).
Ibn Masud dit que le Prophète de l'Islam avait dit: Tout le monde entrera en enfer. Ils en sortiront selon leurs œuvres. Ceux qui sortiront les premiers, le feront tel un éclair de lumière, les suivants tel un coup de vent, puis tel un cheval à pleine allure, ensuite tel un cavalier rapide, puis tel un homme courant, et finalement tel un homme marchant. (Tirmidhi et Darimi).
Le sens du verset précédent est devenu clair: Tous entreront inéluctablement en enfer, puis en sortiront selon leurs œuvres. La signification du verset coranique est devenue évidente, confirmée par la déclaration du Prophète de l'Islam lui-même. Je souhaitais terminer ma recherche sur ce point, mais j'ai pensé qu'il valait mieux aller encore chercher, dans le Coran lui-même, une interprétation. Alors, après une longue recherche, je suis arrivé au verset suivant:
Si ton Seigneur l'avait voulu, il aurait rassemblé tous les hommes en une seule communauté. Mais ils ne cessent pas de se dresser les uns contre les autres, à l'exception de ceux auxquels ton Seigneur a fait miséricorde et c'est pour cela qu'il les a créés. La Parole de ton Seigneur s'accomplit: 'Je remplirai certainement la Géhenne de Djinns et d'hommes réunis' (Coran, XI.118,119).
J'étais stupéfié à la lecture de ce verset, de sorte que j'ai lentement refermé le Coran et je m'absorbais dans d'angoissantes pensées. Même durant le sommeil, je ne trouvais plus de repos, car mes pensées de la veille, prenant forme dans le royaume des rêves, me rendirent inquiet. Cela fut atrocement difficile pour moi d'abandonner la foi de mes pères; j'aurais préféré abandonner ma vie elle-même. Pendant quelque temps, j'essayais de penser à une méthode qui me permette d'évacuer ce problème ou une voie qui me permette d'y échapper, sans m'obliger de quitter l'Islam. Avec cette intention, je commençais à chercher de l'aide dans les Traditions. Ce n'était pas une mince affaire, car les Traditions sont contenues dans six épais volumes. De plus, c'est une tâche des plus difficiles, d'appliquer, à chaque Tradition, les principes scientifiques des Traditions. Mais en dépit de ces difficultés, je poursuivis mon travail jusqu'à achèvement, avec l'aide de Dieu.
Selon les Traditions, il y a trois voies de salut. Premièrement: il n'y a absolument aucun lien entre œuvres et salut. Le plus grand des pécheurs, qui a passé sa vie à transgresser la loi divine, peut entrer au paradis. De même, le meilleur des hommes, qui a passé sa vie à faire du bien, peut entrer en enfer. La Tradition suivante est explicite :
Hazrat Anas rapporte que le Prophète de l'Islam était à cheval, suivi par Maadh. Le Prophète répéta trois fois ceci: Quiconque croit honnêtement et répète: Il n'y a qu'un Dieu et Muhammad est son Prophète ne sera jamais condamné au feu de l'enfer. Maadh demanda: Ô Prophète de Dieu, ne dois-je pas proclamer cette bonne nouvelle? Le Prophète répondit: Dans ce cas, ils croiront en rien d'autre qu'en cela (Mishkat).
A ce sujet, il y a une Tradition transmise par Abu Dharr, dont les paroles requièrent cette conclusion que le salut par les œuvres est aberrant, car même des adultères et des voleurs obtiennent le salut par la simple répétition des paroles de la confession de foi musulmane. La Tradition expose ceci:
On rapporte d'Abu Dharr qu'il a dit: Je vins vers le Prophète, et il avait un vêtement blanc sur lui et dormait. Un peu plus tard, après son réveil, je revins vers lui. Alors il dit: Tout serviteur de Dieu qui dit: Il n'y a de Dieu qu'Allah, et meurt après avoir fait cette confession, entrera au ciel. Je dis: Même s'il a commis adultère et vol? Il répondit: Même s'il a commis adultère et vol. Je repris: Même s'il a commis adultère et vol? Il répéta: Même s'il a commis adultère et vol... en dépit de Abu Dharr. (Muslim, Bukhari).
J'ai trouvé une autre Tradition, aussi réconfortante qu'un panier plein de sucreries pour un enfant, et qui promet qu'un homme, qu'il ait fait le bien ou le mal, puisse obtenir le paradis au moyen de la répétition de quelques mots. On peut lire ce qui suit:
Il est rapporté par Ubadah bin Samit que l'Apôtre de Dieu a dit: Quiconque confesse qu'il n'y a de Dieu que Allah seul, qu'il n'a pas d'associé, et que Muhammad est son serviteur et son Apôtre, et que Jésus est le serviteur de Dieu et son apôtre et le fils de sa servante et sa parole qu'il a jetée en Marie, que le ciel et l'enfer sont des réalités, Dieu le prendra au paradis, en dépit de ce qu'aient été ses œuvres! (Muslim, Bukhari).
Le lecteur doit garder à l'esprit que les Chrétiens ne nient pas la nécessité des bonnes œuvres. Les Chrétiens savent qu'ils sont constamment engagés dans de bonnes œuvres; cependant, leur salut ne dépend pas de leurs bonnes œuvres, car personne ne peut faire plus que ce qu'il doit. Ainsi, nul ne peut accomplir des œuvres surérogatoires qui puissent servir de moyen d'expiation pour ses mauvaises actions (voir Luc 17.7-10).
En lisant ces Traditions, la question suivante vint dans mon esprit: est-il juste que celui qui passe toute sa vie à faire le mal, sans jamais se soucier de faire le bien, entre au paradis à sa mort, alors qu'un autre qui a passé sa vie dans la crainte de Dieu, le renoncement à lui-même et la pratique de bonnes œuvres, soit jeté en enfer à sa mort?
Deuxièmement, les Traditions nous apprennent que le salut dépend de la grâce de Dieu, à tel point que le Prophète lui-même avait besoin de quémander la grâce de Dieu. A moins que Dieu ait pitié de lui, le Prophète lui-même ne peut obtenir le salut par ses œuvres. Une tradition du Mishkat dit ceci:
Abu Huraira rapporta ces paroles du Prophète de l'Islam: Nul d'entre vous n'entrera au Paradis par ses bonnes œuvres. Ils lui dirent: Même pas toi, Ô Apôtre de Dieu? -Même pas moi, répliqua-t-il, à moins que Dieu ne me couvre de sa grâce et de sa miséricorde. C'est pourquoi, soyez forts, et matin et soir, plutôt à tout moment, essayez de faire le bien.
Comparez cela avec la Tradition suivante:
Jabir rapporte que le Prophète de l'Islam a dit: Aucune de vos bonnes œuvres ne pourra vous garantir le ciel, ni vous sauver de l'enfer, ni moi non plus, sans la miséricorde de Dieu.
Ces Traditions m'ont fait comprendre que nul ne peut obtenir le salut, à moins que la miséricorde de Dieu ne repose sur lui. Cela me réconforta un peu, mais, à la même période, je commençais à penser: Si Dieu est miséricordieux, il est, de la même façon, juste. Si Dieu pardonne en vertu de sa seule miséricorde, il esquive les exigences de sa justice et de sa sainteté. Une telle dérobade vis-à-vis de sa justice indiquerait une imperfection dans l'être divin. Certainement, un tel acte est indigne de la gloire de Dieu.
La troisième chose qui m'apparut clairement, à partir des Traditions, c'est que le Prophète de l'Islam ne pouvait sauver personne, ni même sa fille, Fatima, ou ses proches. Donc, l'idée que le Prophète intercèderait pour les croyants, idée je croyais être correcte, s'avéra être fausse. Une Tradition avance ceci:
Abu Huraira raconte que, quand le verset: Incite tes proches à craindre, fut révélé au Prophète de l'Islam, celui-ci apparut et annonça: Ô peuple des Quraysh, et vous les fils d'Abdul Manaf, et toi Abbas, fils d'Abdul Muttalib, et toi, Safiyyah, ma tante, je ne peux pas vous sauver du châtiment au Jour de la Résurrection. Faites bien attention à vous, ô ma fille Fatimah; vous pourrez utiliser mes biens, mais je ne peux vous sauvegarder devant Dieu. Faites bien attention à vous (Bukhari).
Ainsi, après une étude étendue et approfondie des Traditions, cela n'ajouta rien de plus à mes recherches antérieures. Terrorisé et découragé, je fermais les livres des Traditions et priai à Dieu:
Ô Dieu, mon Créateur et mon Seigneur, Tu connais les secrets de mon cœur mieux que moi-même. Tu sais combien longtemps j'ai cherché Ta vraie religion. J'ai poussé mes investigations aussi loin que j'ai pu. Maintenant donc, ouvre-moi les portes de Ta connaissance et de Ton salut. Permets qui je puisse entrer en compagnie de Ton peuple, qui a ta faveur, afin que je sois agréé et comblé, lorsque j'entrerai dans Ta glorieuse présence. Amen.
Dans cet état de désespoir et de découragement intérieur, je me remis à nouveau à lire le saint Injil, avec l'idée de corriger toute éventuelle insuffisance dans mes investigations. Quand j'ouvris alors le saint Injil, mes yeux tombèrent sur ces paroles:
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos (Matthieu 11.28).
Je ne peux dire ma joie, en arrivant à ce passage de l'Evangile selon Matthieu. Je ne l'avais pas cherché intentionnellement. Ce n'était pas non plus une occurrence fortuite; c'était la réponse de Dieu à mon difficile labeur et à ma sincère investigation. Pour un pécheur comme moi, c'était, en fait, la suprême proclamation de bonnes nouvelles. Ce verset vivifiant eut un effet formidable sur moi. Il m'apporta paix, réconfort et joie, et il bannit immédiatement toute inquiétude et toute incertitude de mon cœur. Le Messie avait proclamé: Je vous donnerai du repos. Il montra comment le salut dépendait de lui. Il n'a pas seulement montré une voie qui était au-dessus ou au-delà de lui, car il dit: Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jean 14.6).
Alors cette question me monta à l'esprit: Quelqu'un peut-il avoir foi en cette extraordinaire déclaration du Christ? Oui, quelqu'un, concluais-je, peut s'y fier, car en premier lieu, le Christ est reconnu par les Musulmans comme étant sans péché, glorieux dans ce monde et dans celui à venir et comme la Parole de Dieu et l'Esprit de Dieu. Ces descriptions, et d'autres, qui sont appliquées à Jésus, témoignent de sa perfection. En deuxième lieu, il est, selon les Chrétiens, parfaitement Dieu et parfaitement homme, exempt de toute basse passion et de toute ambition mondaine. Ainsi, il est impossible que le Christ, qui possède, et cela conformément, à la fois aux doctrines et musulmanes et chrétiennes, les plus hautes qualités, puisse pécher ou faire quelque chose d'indigne de lui.
Je commençais alors à réfléchir comment le Christ avait promis de donner le salut. Pour tranquilliser mon esprit, je commençais à chercher à travers le Saint Injil, et je suis arrivé à ce verset:
... Le Fils de l'Homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup (Matthieu 20.28).
En lisant ce verset, je découvris comment Dieu offre le salut. Le Christ a donné sa vie pour nous pécheurs. C'est un chemin merveilleux, à quoi le monde ne peut opposer rien d'équivalent. Beaucoup d'hommes ont fondé des religions dans ce monde, mais nul parmi eux n'a déclaré que sa mort servirait au pardon des péchés. Le Christ, non seulement a fait cette déclaration, mais il l'a aussi accomplie.
A ces pensées, je m'extasiais. L'image du Christ et son amour pour les hommes firent une impression indélébile dans mon cœur. Pendant que j'étais absorbé dans ma contemplation, une autre question surgit dans mon esprit: en quoi le sacrifice et l'expiation du Christ ont-ils été nécessaires? Ne pouvait-il pas apporter le salut sans donner sa vie? Après y avoir longuement réfléchi, j'arrivais à cette conclusion: Dieu est à la fois miséricordieux et juste. Si le Christ avait promis le salut sans donner sa vie, l'exigence de miséricorde aurait certes était satisfaite. Mais, dans le but de satisfaire aussi l'exigence de justice, le Christ a payé le prix de la rançon, son précieux sang. C'est ainsi que Dieu a manifesté son amour pour nous.
Et cet amour consiste non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et qu'il a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés
(1 Jean 4.10).
Je continuais mes investigations dans le Nouveau Testament et le lus plusieurs fois, du début à la fin. J'ai trouvé des centaines de versets et quantités de paraboles qui m'ont prouvé, sans l'ombre d'un doute, que le salut - le cœur véritable et le but de toute religion - est accessible seulement par la foi au Seigneur Jésus-Christ. Je note un passage ici, pour le prouver:
Or, nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. Car nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, puisque c'est par la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu, attestée dans la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Car il n'y a pas de distinction: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ-Jésus. C'est lui que Dieu a destiné comme moyen d'expiation pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice (Romains 3.19-25).
Après avoir achevé les investigations que je viens d'exposer, je suis arrivé à la conclusion que je devais devenir Chrétien. Dans ces circonstances, il m'apparut correct de présenter l'ensemble de mes travaux devant l'Association, afin qu'ils y réfléchissent et que je sois déchargé de toute accusation de poursuivre mes investigations en secret.
J'allais à la réunion comme à l'accoutumé. C'était à nouveau au tour de Munshi Mansur Masih de parler. Avant qu'il ne commence, je l'interrompis en déclarant qu'en cette occasion, moi-même j'argumenterai contre l'Islam. Puis je me mis à exposer le résultat de mes nombreuses années de recherche. Les membres du bureau de l'Association furent étonnés de mes paroles, mais se consolèrent en espérant que j'allais ensuite réfuter mes propres arguments. Quand j'avais terminé et repris ma place, le vice-président dit: Nous espérons que le président lui-même réfutera son préjudiciable discours. A nouveau, je me levais et dis: Ecoutez-bien, mes amis. Ce que je viens de vous exposer, n'est pas un artifice ou une invention. Il s'agit d'une affaire solide et décisive, basée sur des années d'investigation. Pour être plus clair, cela commença lorsque Munshi Mansur Masih évoqua devant nous la question du salut. A cette époque, je promis à Dieu de lire, dès lors, la Sainte Bible, non comme je l'avais lue auparavant, mais comme quelqu'un en quête de vérité, pour que le chemin de la vérité et de la justice me soit révélé. C'est pourquoi, faisant table rase des préjugés et des arguties philosophiques, je me suis mis à comparer l'Avesta, le Satyarth Prakash, la Bible et le Coran. Je suis arrivé à la conclusion que le salut ne peut se trouver que dans le Christ. C'est tout ce que j'ai à ajouter. S'il y avait un défaut dans mon argumentation, je vous serais reconnaissant de me l'indiquer. D'autre part, puisque vous me demandez de réfuter moi-même mes propres thèses, je vous dis franchement que cela ne m'est pas possible; et il n'y a guère d'espoir que quiconque puisse me contredire.
Je quittai la réunion, car ce n'aurait pas été prudent, pour moi, de rester plus longtemps. Munshi Mansur Masih me suivit immédiatement. Quand il me rattrapa, il m'embrassa et versa des larmes de joie, disant d'une voix tremblante: Il faut rentrer avec moi pour cette nuit. Il n'est pas sans risque pour vous de passer la nuit seul chez vous. Je répondis que les membres de mon Association étaient des gentlemen bien élevés, et que je n'avais rien à craindre d'eux. Bien sûr, ajoutai-je, il y a d'autres qu'il faut craindre. J'irai chez vous dès l'aube. Si je n'étais pas chez vous à ce moment, alors vous pourriez obligeamment venir à mon domicile.
Après avoir convenu de cela, nous nous sommes séparés. Je suis arrivé dans ma chambre, je la verrouillai de l'intérieur et éteignis la lumière. Je m'assis, plongé dans mes réflexions. Je n'oublierai jamais les idées terrifiantes et le combat spirituel de cette nuit. C'était une nuit de décision, une nuit de la plus intense mise à l'épreuve. Par moments, la pensée me vint qu'en devenant chrétien, j'allais perdre ma patrie, mon héritage, mes droits, ma famille, mes amis, en résumé, tout. Je fus également tracassé par l'idée qu'en devenant chrétien, cela signifierait l'entrée dans un univers où les habitudes et tout le reste allaient être différents de ce à quoi j'étais accoutumé. Il était impossible de dormir cette nuit-là.
Finalement, je me dis à moi-même: Sultan, considère que ta vie est transitoire et le monde passager. Quand tu mourras, ton pays et ton héritage ne te seront d'aucune utilité; ni ta famille, ni tes amis ne pourront te venir en aide. Ces choses appartiennent seulement à ce monde. Rien, en-dehors de ta foi, ne va au-delà de la tombe. Il n'est donc pas sage de perdre la vie éternelle et le bonheur spirituel pour les choses transitoires de cette vie. Je pliais alors mes genoux et adressa à Dieu cette prière:
Ô Dieu Tout-Puissant et Eternel, Celui qui sonde les cœurs, je m'abandonne à Toi. Accepte cette offrande et protège-moi de tous les pièges du diable et des dangers spirituels. Enlève de mon cœur tous les désirs mondains. Accorde-moi courage et force, afin que je sois capable de confesser publiquement, devant tous les hommes, Ton unique Fils, Jésus-Christ. Ecoute et exauce ma prière, pour la cause de Jésus-Christ. Amen.
Après avoir terminé cette prière, je me sentis somnolent et je m'endormis pour un court laps de temps. Quand je me suis réveillé, j'étais, à la fois, heureux et de bonne humeur. Mes précédentes questions et inquiétudes ne me tracassèrent plus.
Le jour allait se lever. Rapidement je me lavais et je me rendis au domicile de Munshi Mansur Masih. Quand j'y suis arrivé, j'ai découvert qu'il avait été très inquiet parce que je n'étais pas encore venu. Il savait que j'avais l'habitude de prendre le thé à cette heure, et il m'en prépara. Après avoir bu mon thé, nous bavardions un peu, puis nous nous mîmes à prier. Ensuite, nous nous rendîmes chez le missionnaire Ledgard.
Le missionnaire était surpris de notre arrivée matinale. Munshi Mansur Masih se mit à lui raconter que je suis venu pour être baptisé. D'abord, il pensait que nous plaisantions. Mais quand il apprit ce qui s'était passé la nuit précédente, il se leva immédiatement et m'embrassa, disant: Je savais que si vous lisiez la Bible sérieusement vous deviendriez chrétien. Remerciements à Dieu qui vous a convaincu. Il promit ensuite de me baptiser trois jours plus tard, et me recommanda d'apprendre par cœur, jusque-là, les Dix Commandements, le Symbole des Apôtres et la Prière du Seigneur. Il me conseilla en outre de ne pas rester parmi des Musulmans, mais de venir habiter plutôt chez lui ou chez Munshi Mansur Masih. J'acceptai cette dernière offre.
Quand arriva dimanche, toute l'Eglise était remplie de Musulmans. Voyant le danger, M. Ledgeard reporta le baptême. Finalement, par la grâce et la miséricorde de Dieu, je fus baptisé le 6 août 1903 à l'Eglise Saint Paul de Bombay. Mon baptême eut lieu en présence des personnes suivantes: le Révérend Canon Ledgeard qui me baptisa, Munshi Mansur Masih et deux autres messieurs dont je ne me souviens plus du nom. Immédiatement après la cérémonie, je fus envoyé à Kanpur, puisqu'il est devenu dangereux pour moi de rester à Bombay.
Quand je suis devenu chrétien, un merveilleux changement s'opéra dans ma vie. Ma façon de parler, mes actions et tout mon mode de vie furent changés à ce point, qu'un an après, lorsque je visitais pour un court temps la ville de Bombay, mes amis musulmans s'en étonnaient. Ils s'émerveillèrent de ma douceur, car ils connaissaient combien facilement, autrefois, je perdis patience.
Avant d'être devenu chrétien, je reconnaissais le péché comme péché, mais je ne réalisais pas, comme aujourd'hui, quelle puissance dangereuse et destructrice il représente. Je suis toujours encore qu'un simple homme faible et une poignée de poussière, et, quand je pèche, je ne peux décrire la honte et la tristesse qui me remplissent. Immédiatement, je tombe sur ma face et, avec larmes, je me repens et demande pardon. Cette attitude ne peut être prise qu'en reconnaissant le sacrifice expiatoire du Seigneur Jésus. Le péché ne peut être ôté par la seule repentance. Il faut qu'il soit lavé dans le précieux sang de notre Sauveur. C'est véritablement à cause du péché que le monde court, quotidiennement, de plus en plus vers sa perte.
Bien que Satan m'ait fait la guerre avec tous les pouvoirs dont il dispose, je ne suis pas du tout perturbé, car je crois que le Christ a écrasé sa tête. Satan ne peut faire du mal aux fidèles serviteurs du Christ, ni ne peut prévaloir contre eux. Que Dieu, le Créateur du ciel et de la terre, Celui qui sonde les cœurs, daigne diriger les cœurs de mes frères musulmans, comme il a dirigé le mien, et leur donner la clairvoyance pour qu'ils se souviennent du Jour du Jugement, qu'ils reconnaissent leur profond besoin spirituel et viennent au bercail du Seigneur Jésus-Christ.
Je suis, mes chers frères musulmans, disposé à vous offrir mon soutien spirituel.
Sultan Muhammad Paul
Cher ami, après avoir lu ce fascicule, vous êtes invité de répondre aux questions suivantes:
En quoi consiste “la dépravation de l'homme” et comment celle-ci se manifeste-t-elle chez les hommes?
Quel est le problème fondamental auquel avait été confronté Sultan Muhammad Paul?
Donnez la réponse que fit le pasteur anglais à la question de Sultan Muhammad Paul : Pourquoi lirais-je la Bible? Qui voudrait lire un tel livre altéré et que les gens changent chaque année?
Que ressentit Sultan Muhammad Paul après qu'il ait entendu le défi de Munshi Mansur Masih concernant le salut dans l'Islam?
De quelle manière Sultan Muhammad Paul décida-t-il d'étudier la Bible après que les paroles de Munshi Mansur Masih aient retenti dans son âme?
Quand Sultan Muhammad Paul se mit à comparer le Coran, la Bible, l'Avesta et le Satyarth Prakash, que rechercha-t-il?
Que découvrit Sultan Muhammad Paul sur l'homme et le salut dans le Coran (XXII.19; XCIX.7,8)?
Qu'apprit Sultan Muhammad Paul sur Adam, Abraham, le Prophète de l'Islam, Abu Bakr et tous les hommes en étudiant le Coran, et en quoi Jésus diffère-t-il de tous les autres hommes?
Citez intégralement les cinq passages du Nouveau Testament trouvés par Sultan Muhammad Paul et qui proclament l' absence de péché chez Jésus. Donner, avec votre réponse, les références.
Résumez, en quelques phrases, les deux principes fondamentaux que Sultan Muhammad Paul découvrit en Coran XIX.71,72 et son commentaire dans le Mishkat et Coran XI.118,119.
Résumez brièvement les trois choses que découvrit Sultan Muhammad Paul sur le salut dans les Traditions. Quel était son état d'âme après cette recherche?
Citez le verset dans l'Evangile selon Matthieu que Sultan Muhammad Paul trouva après ses recherches dans les traditions. Quel était l'effet de ce texte sur lui?
Citez Jean 14.6 et expliquez-en le sens.
Quelles sont les deux conclusions auxquelles arriva Sultan Muhammad Paul et qui corroborent l'extraordinaire déclaration du Christ?
Citez Matthieu 20.28, et décrivez comment Dieu offre le salut.
Quelle réponse Sultan Muhammad Paul trouva-t-il à sa question: Pourquoi le sacrifice et l'expiation du Christ étaient-ils nécessaires? N'aurait-il pas pu donner le salut, sans donner sa vie?
Citez le verset du Nouveau Testament qui explique comment Dieu a manifesté son amour pour nous.
Quel est le vrai cœur et le but de toute religion, et par quels moyens ce but devint-il accessible? Citez le passage du livre aux Romains qui contient la réponse.
Après s'être adressé pour la dernière fois à son Association, Sultan Muhammad Paul s'enferma dans sa chambre. Rapportez les paroles qu'il s'était dites à lui-même, ainsi que la prière qu'il adressa, agenouillé, à Dieu.
Quels changements dans sa vie observèrent les amis de Sultan Muhammad Paul, après qu'il ait donné sa vie à Jésus?
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